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 ---> 24h sur piste à la Cipale par JM Richefort : Récit d’un défi réussi !

On ne sait jamais ce dont on est capable de faire tant que l’on n’a pas essayé

17h00. « Mais pourquoi tant d’agitation autour de moi ? Après avoir répondu aux sollicitations des médias, aux questions de Xavier Louy, le présentateur officiel du défi, il faut y aller ! Christian Fenioux, véritable mécène de la piste en France, me tient au départ. Sous l’œil de la caméra de « Tout le sport », j’entame mon défi de longue haleine sur ce vélodrome historique de la Cipale et son anneau long de 500 m. Avant d’expliquer comment, il faut dire pourquoi. L’objectif est de réaliser pas moins de 1200 tours, soit 600 km et d’offrir 3 tandems à la STAARP (Section Tandem des Auxiliaires des Aveugles de la Région Parisienne). Cet objectif caritatif, le plus important pour moi, me motivera dans les moments difficiles. C’est entouré d’amis et soutenu par de nombreux spectateurs que j’effectue les premiers tours de piste, sous un ciel clément, mais avec du vent. D’emblée, je trouve un bon rythme. »

19h00. « Le tableau de marche est basé sur 1 minute au tour de piste (30km/h). Le coup de pédale est rond et les 100 premiers tours sont bouclés (50km). La feuille de route indique que je suis en avance. Toutefois je dois prendre garde à ne pas me laisser griser par l’ambiance. La concentration est de mise. L’ami Roland Diot veille sur moi et me rappelle l’importance de bien boire, surtout dans les premières heures d’efforts. »

21h00. « En selle depuis 4 h00 sur mon vélo à pignon fixe (46x16) je tourne comme un métronome. Je pourrais rouler plus vite mais je n’ose pas, de peur de « coincer » dans la nuit ! Le vent me gène et me freine terriblement dans la ligne droite opposée à la ligne d’arrivée. C’est déstabilisant. J’ai décidé de m’arrêter tous les 100 tours (50 km) afin de me ravitailler et de m’étirer les lombaires et les ischio-jambiers. Françoise et Alain Bellouis qui ont été les premiers à participer au mécénat sont présents et semblent encore plus motivés que moi. Passion quand tu nous tiens.

23h00. « Je change de cuissard une 1ère fois en raison de la transpiration et je me munis d’un casque spécial avec éclairage incorporé. Génial ! Je repars lentement et retrouve le bon rythme. Mes nombreux amis, présents sur l’anneau parisien, ne cessent de m’encourager. Je suis déjà au dessus de mon tableau de marche, accomplissant les tours de piste entre 57 et 59 secondes, toujours sous la minute. Soudain, dans la nuit, dans le faisceau de ma lampe frontale, j’aperçois en bout de piste 2 magnifiques renards. Non je ne rêve pas, 2 goupils me guettent tourner. Nous sommes bien dans le bois de Vincennes. »

1h00. « Fidèle à mon tableau de marche, je poursuis ma quête de kilomètres sur cet anneau en béton dont le revêtement est médiocre. La nuit est tombée depuis plus de 2 heures, apportant avec elle beaucoup de fraîcheur. Le vent est toujours présent. Dire que je craignais la canicule. Dès lors, je demande à recevoir une boisson chaude pour mon ravitaillement : du thé ou de la soupe. Roland s’exécute. Les tours s’accumulent, et quelques pistards se joignent à moi dont l’inénarrable « Moustache » qui m’encourage avec ses mots : « toi, môme, t’en a dans cuissard ! ». Cette sympathique présence m’apporte un soutien inestimable dans ce défi longue haleine. »

3h00. « Pédalant depuis maintenant 10h00, Je dois faire une pause de 5’ afin de prendre soin de mes pieds, victimes d’échauffements. Après avoir appliqué un peu de pommade, je reprends la piste avec un gros moral. Petit à petit, mes plus fidèles supporters ont fini par regagner leur lit, guettés par le sommeil, mais « les fidèles parmi les fidèles » vont rester toute la nuit pour m’encourager dans ma chevauchée nocturne. Merci, Pascale, Nicole, Odette, Claude, Roger, Raymond, Jean, Roland, Jacky, Patrick, Joël. Ils se reconnaitront. »

5h00. « Déjà 12h00 d’efforts : la moitié du contrat rempli. Arrêt au stand ! Parti sur un pignon de 16 dents, Jacky, mon mécano et mentor change la mécanique pour une denture de 17 dents. Ceci afin d’acquérir plus de vélocité sur la fin de la tentative. Les conseils de l’ingénieur ergonome Robert Gauthier font merveille « Ta réussite tient à 2 éléments : garder ta vélocité tout en pensant à bien tomber les talons à chaque entrée de virage ». Bien dans ma tête, bien sur mon vélo, je poursuis dans le noir ma chevauchée endurante. Je continue ma progression par étapes de 100 tours (50 kilomètres). « Pense à t’alimenter » me crie Roland, l’un des héros de Paris- Pékin 2008. Régulièrement, par petites quantités, j’ingurgite de petits bidons. Les goûts varient : boissons énergétiques, soupe de légumes, du thé également. Généralement, je saisis un nouveau bidon tous les 30 tours. Il est 6h00 et le jour se lève mais le ciel est chargé de nuages. Soudain, je suis taraudé par le sommeil. C’est un moment très difficile d’autant que la pluie fait son apparition. Bien malvenue, cette humidité rend la piste glissante. Je suis obligé de réduire ma vitesse. Le moral baisse sensiblement. Pourtant, il n’est pas question de renoncer.

7h00. Après 14h00 d’efforts, je suis largement dans les temps. Mais que fais- tu ici ? Ce défi 24h00 sur piste est la suite logique d’un pari entre copains pistards qui date de 2008. Je me souviens : « toi, l’amateur de longues distances à vélo, es-tu capable de tenir 12h00 en piste ? J’ai répondu non seulement 12 mais peut-être 24 ! Le défi était lancé. Le 11 septembre 2008, sur 12h00 en piste, j’avais réalisé 360,850 km avec un vent violent dans le final. Confiant sur mes chances de réussir mon pari, je poursuis mon chemin (en rond), le sourire aux lèvres. Le coup de pédale devient plus saccadé. La fatigue est présente.

9h00. « J’attaque mes 200 derniers kilomètres d’efforts, bien en dessus de mon tableau de marche. Je passe à une progression par étapes de 200 tours, sur cette piste toujours humide de la Cipale. Le public revient se masser doucement aux abords du vélodrome, dont j’ai déjà bouclé la piste à 800 reprises (400 km). Il me reste donc suffisamment de temps pour atteindre les 600 km fixés au départ. D’autant que les forces reviennent. Pour preuve, je ne me suis arrêté qu’une dizaine de minutes au cours de la nuit. Pas une de plus. »

11h00. « Le soleil revenu, je continue à tourner sur l’anneau de la Cipale. Je pense toujours à bien m’alimenter, encouragé dans mon challenge par des amis cyclistes venus effectuer quelques tours de piste à mes côtés. Toutefois, je souhaite retrouver un peu de quiétude sur la piste, préférant rouler seul pour rester concentré. J’effectue actuellement chaque rotation (500 mètres) en 1’05"et devrait franchir la barre des 500 kilomètres avant 11h30. Mon objectif n’est plus très loin d’être atteint, Il me reste donc suffisamment de temps pour y parvenir et bien sûr aller plus loin, si possible. »

13h00. « Certain d’aller au bout de mon défi, rien ne peut m’arrêter. La barre des 600 bornes devrait être atteinte aux alentours de 15h30. Au rythme d’un tour de piste par minute (30 km/h), avec une trentaine de minutes d’arrêt depuis mon départ, Le moral est au beau fixe. J’avance progressivement vers mon objectif, accompagné de temps à autre par quelques amis pistards dont Pierre Douglas qui vient me distraire. Formidable Pierre, je crois qu’il est encore plus heureux que moi. Puis, c’est au tour d’un tandem composé notamment d’un kiné non-voyant, Michel Berteuzen, qui me prodigue ses derniers conseils. Quelle solidarité sur cette Cipale ! »

15h00. « Physiquement, je me sens très bien et je vais pousser l’effort au-delà des 600 km afin de conclure mes 24h00 sur cet anneau mythique. Ma tentative ne servira peut-être à rien mais je souhaite prouver qu’à 57 ans et en parfaite condition physique, il est possible de pédaler longtemps en endurance et sans problème. J’y suis parvenu mais est-ce que l’exemple est susceptible d’intéresser le corps médical ou le Ministère de la Santé et des sports ? Je n’y crois guère tant c’est banal pour eux.

17h00. « Ouf ! Voilà donc les 24h00 bouclés. Au terme de cette longue distance, j’ai réalisé 86 tours de plus que ce que j’avais misé, soit la distance finale de 643 kilomètres pour 1286 tours. Le compteur indique 655km. C’est normal car je n’ai jamais pu rouler à la corde. Beaucoup de supporters se sont déplacés pour assurer l’ambiance au cœur du vélodrome. Les trois tandems blancs avec 3 passagers non-voyants de la STAARP bouclent l’anneau à mes côtés, le temps de quelques tours de piste. Grâce à ce défi, j’ai récolté suffisamment de fonds pour offrir trois tandems Cannondale à l’association. Chaque kilomètre parcouru a permis de récolter 10€. Je m’arrête enfin au bout de 1286 révolutions. Les amis sont fous de joie. Les spectateurs applaudissent. C’est fini. Cet instant, j’en ai rêvé alors le savoure.

17h15. : la remise officielle se déroule en présence des personnalités sportives et des mécènes. L’ex-champion cycliste, Carlos Da Cruz, est à mes côtés. Il représente La Fondation la Française des Jeux, principal mécène. Il confie qu’il est impressionné par ce que je viens d’accomplir. Un message de félicitations de Gibert Montagné, un autre de Jean Dongues, un troisième d’Henri Sannier. Je tiens à préciser que ce n’est ni un exploit, ni un record. C’est peut-être atypique, certes, mais ma fierté est ailleurs : j’ai réussi un simple geste de solidarité et c’est bien là l’essentiel. Et maintenant ?...Je vais dormir... » J-M.R

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