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 ---> De Bourges à Sancerre : 57 km à pied

Bourges-Sancerre, le 16 février 2020

Sur les environs 3 000 participants, nous étions plus de 1 300 partants sur le 57 km avec 833 m de dénivelé. Bourges-Sancerre, c’est une marche légendaire organisée par le club des Cyclotouristes Berruyers depuis 69 ans, dans le département du Cher. Inscrit sur place pour 16 euros, par chance, j’ai pu trouver une table pour dîner de pâtes aux pétoncles, pas loin de la Mairie de Bourges, ouverte pour attendre le départ. Je me suis installé au service des passeports pour m’allonger au calme pendant plus de 3 heures. Un ancien est très motivé pour faire sa 22ème édition et fait régulièrement des marches de 100 ou 200 km non-stop !

Départ groupé de tout le monde à minuit pile devant la cathédrale dans une joyeuse ambiance saluée par les spectateurs et les noctambules. Comme dans les courses, ça sent l’embrocation. On a évité les trous, les pièges des pavés et les coups de bâtons. Certains partent en courant en short et baskets. D’autres transportent leur maison dans de gigantesques sacs à dos. Il fait 12 degrés sans vent, mais le voile nuageux empêche de voir la lune. La première partie n’a aucun d’intérêt : des grands boulevards éclairés le long des HLM et des pavillons endormis sans âme. Mais la circulation est interdite, donc on prend toute la largeur de la chaussée. Il faut attendre presque 4 km avant de trouver un premier chemin.

Je ne double personne. Tout le monde marche très vite. Des groupes très âgés filent entre 6 et 7 km/h, voire plus ! Je n’essaye même pas de les suivre. Au cliquetis des bâtons, s’ajoutent la musique embarquée par des marcheurs et les flatulences de ceux qui commencent leur digestion. Le premier ravitaillement se trouve au bout de 12 km, parcourus en un peu plus de 2 heures à 5,5 km/h de moyenne. On alterne portions de routes et sentiers un peu gras avec de la glaise qui colle bien aux pieds. Les carrefours sont gardés par des bénévoles et de nombreux gendarmes. Au bout de 20 bornes, je commence à avoir mal sous le pied gauche. Je pense que c’est un pli de ma chaussette, je ralentis pour atteindre le second ravito au km 22. En fait c’est la peau qui fait des plis. Je sors ma trousse médicale et installe une compresse et une bande autour.

Le troisième tronçon me semble interminable avec des côtes très longues et très escarpées, des descentes pentues glissantes qui font mal aux pieds. J’arrive toutefois au ravitaillement du km 34 avant l’aube au sommet du village perché d’Humbligny. Mais Strava m’indique 35,5 km parcourus. À chaque ravito du carton a été posé sur le sol pour éviter de transformer la salle en bourbier. C’est confortable pour s’asseoir quelques minutes. Un nouveau café, un sandwich aux rillettes et c’est reparti en serrant les dents, car ça chauffe toujours sous le pied et les jambes commencent à être raides. Bien qu’étant au mois de février sur les crêtes, il fait une température douce de 10 à 12 degrés. Je conserve mon bonnet, mais je ne mettrai jamais de gants.

On a le plaisir d’assister au lever du soleil sur les collines. Lorsque je veux faire des photos avec l’appareil que je trimbale, la batterie est déchargée avant d’avoir servi. Donc je ne fais que quelques images avec le téléphone pour préserver son autonomie.

Les groupes sont nettement moins fournis désormais et l’on voit des marcheurs au loin dispersés sur de nombreux kilomètres. Neuvy-les-Deux-Clochers au km 41,5 est rejoint assez facilement. Le lever du jour est l’occasion d’admirer le patrimoine local comme la Tour de Vesvre

ou le manoir de Vauvredon.

Il commence à faire chaud, je tombe la veste polaire et poursuit en maillot de vélo. Parvenu au village de Reigny, il faut gravir le terrible mur des Rolling Stone pour arriver au faîte des vignes du Sancerrois en surplombant Champtin. Au sommet, un petit vent vif se lève, et on aperçoit enfin à l’horizon la colline de Sancerre, avant de dégringoler dans la vallée au 5ème et dernier ravitaillement de Bué. Alors que 11 heures du matin viennent de sonner, le cap des 50 km est franchi. Mes pieds ont bien gonflé, mais je sais que j’irai au bout. Je deviens libéral en accompagnant un long moment une infirmière qui souffre du genou et lui remonte avec succès le moral. Encore quelques bosses et la côte finale et voici vers 12h30 enfin l’arrivée dans la cave de la Mignonne, avec un grand soleil et plus de 18 degrés dehors. Bien qu’il reste encore plein de monde sur le parcours, il n’y a déjà plus de Sancerre ! Au bout d’une demi-heure, je parviens toutefois à en dénicher un verre. Bilan : 57,2 km en 11h29’ à 5 km/h de moyenne avec plus de 800 m de dénivelé. Les courtes pauses ont été bien gérées avec seulement 1 heure d’arrêt en tout.

Au final,satisfait d’avoir réussi ce défi sportif malgré la douleur aux pieds, mais porté par la foule et l’événement, avec des conditions météo exceptionnellement bonnes pour l’hiver, un fléchage parfait (craie, peinture, pancartes), ravitos bien fournis. Aucune bête sauvage croisée durant la nuit. Seul regret l’absence de musique, de fanfares, d’animations, de décorations, de cracheuses de feu ... dans les villages traversés. Ne faisant partie d’aucune association de marcheurs, je n’avais guère dépassé par le passé les 20 km sur quelques randonnées. Ce qui explique les courbatures partout. Contrairement au vélo qui est un sport porté, on ne récupère jamais quand ça commence à dérailler. Le plus dur, c’étaient les descentes et les parties boueuses avec la glaise qui colle aux pompes. J’attrape le dernier car spécial à 7 euros qui me dépose à la gare de Bourges pour prendre le train à 16 heures, pour finalement un très long voyage tempétueux qui s’achève à 1 heure du matin à Granville, après 41 heures d’éveil, mais ceci est une autre histoire ...

Sinon côté équipement : un pantalon de survêtement, des guêtres bien utiles car pas une goutte d’eau ou de boue à l’intérieur des chaussures, tee-shirt, maillot de vélo, veste polaire, gilet jaune. Et dans un petit sac à dos, bouteille d’eau de 50 cl que je n’ai ouverte qu’au bout de 8 heures car les boissons des ravitos me suffisaient, des gants d’hiver, un k-way, un short, un cake, appareil photo, pansements, ciseaux, compresses, bandes ... Plus un peu de superflu qui pourrait pu servir un autre maillot chaud manches longues, une cagoule, une casquette, des jambières, des mouchoirs, du papier toilette ... J’avais aussi deux lampes de rechange. Au total sans doute un peu plus de 3 kg. Ma lampe frontale n’a pas beaucoup servi, que dans les zones techniques. Car dans des groupes certains marchaient avec des lampes dignes de projecteurs de voiture. Pas de médicament, pas de bâtons, juste un demi-café par ravito et du grignotage pour tenir plus de 12 heures.


 Texte et photos : Nicolas Moreau-Delacquis

 Mon parcours sur Strava

 Dans la Presse locale

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