Une semaine après l’arrivée de la Grande Boucle, l’association « le Pied à l’Etrier » a emmené le public dans un détour géographique au cœur des Monts de Flandre dans le département du Nord. Mais c’est surtout la roue du temps qu’il a remonté de 50 à 100 ans en arrière !...

En effet à Boeschèpe ce 3 août, c‘est à une épopée du vélo que tous, public et protagonistes ont participé : dès le matin, la traditionnelle brocante à l’ancienne a réuni les vendeurs et acheteurs d’objets de collection -et de tout ce qui a plus de 50 ans-, avec une section « vélos de collection ». Les vélos anciens - de collection, de course, ou tout simplement des vélos laissés « sur le bord de la route » par les évolutions techniques et les modes de vie moderne, généreusement donnés ou prêtés à l’association, étaient également exposés dans la pâture de la Ferme de l’Etrier (plus de 50 vélos). Ont été présentés au public parmi les pièces exceptionnelles, un vélo à cardan de 1895, un vélo jantes en bois-roues en bois, un vélo à lampe à carbure, des tandems des années 36 et 39 (grâce aux cycles Arcelon à Dunkerque et au musée de la vie rurale à Steenwerck) et des vélos de facteur, boucher, curé, douanier, brasseur... la charrette du laitier, le triporteur, le porteur de journaux pour rappeler le temps où l’on prenait le temps d’attendre les livraisons de toutes ces denrées et services se faisant « à bicyclette ». Tiens oui « à bicyclette » comme Pierrot d’Dunkerque, membre de l’association, l’a si bien chanté ainsi que d’autres titres faisant allusion au vélo ou à des personnages d’antan...

Le programme était riche, et les spectateurs ne s’y sont pas trompés ! Le thème et la volonté d’authenticité de cette fête gratuite, sur une base définie depuis 12 ans par les organisateurs (tout comme le vélo est un spectacle gratuit pour les spectateurs) ont réussi à convaincre Monsieur Henri Duez (vainqueur du Tour de Catalogne..., 4 participations au Tour de France - 13ème en 1965) , et Monsieur Roger Demeure, journaliste et commentateur sportif d’y participer.
Car l’après-midi c’est un spectacle inédit, jamais vu au Nord de la France, et plus loin sans doute, rendu possible grâce à la participation de « Dunkerque en Torpédo « et de sympathiques collectionneurs de voitures, que la reconstitution costumée d’une course cycliste à l’ancienne a pu avoir lieu. Difficile de dénombrer le nombre de visiteurs sur la journée, avec une météo parfois capricieuse (mais coutumière des compétitions cyclistes) le « responsable » ligne d’arrivée des 4 jours de Dunkerque, qui participait à la reconstitution l’a jugée digne d’une arrivée des 4 jours dans une ville étape, c’est vous dire ! Les organisateurs pencheraient pour une fréquentation autour de 2 500 personnes sur le site ; ce qui est nouveau c’est que la traversée du village par le peloton a rassemblé des spectateurs tout le long du parcours. La reconstitution costumée autour du thème du vélo a commencé tout naturellement par la présentation des coureurs (qui couraient en individuels comme lors de la première édition des « 4 jours de Dunkerque ») avec maillots de laine (« Boule d‘Or, « Picon« , « Véga« « Oorangina« ...), boyaux autour des épaules, casque à boudins ou casquette d’équipes légendaires : Peugeot, Maës Pils, Lejeune..., autour de la présentation du vélo de piste de Roger De Vlaeminck (collection Joël Huysman). Etait présent le masseur pour une friction d’embrocation siamoise ... tous sur le podium animé par Roger Demeure, filmés par la télévision France 3, nos coureurs d’un jour étaient bien motivés... avant de prendre le départ à l’autre bout du village, route du Mont Noir. La caravane publicitaire et les véhicules de course qui étaient exposés depuis le matin, faisait chauffer les moteurs.

C’est donc à 15 heures que Roger Demeure a donné le départ de la ferme de l’Etrier pour ces véhicules, avec une caravane publicitaire généreuse en cadeaux, des cyclistes aux mollets parfois poilus et les métiers de la course bien représentés (directeur de course, directeur sportif, mécano, chronométreur, ardoisier, cameraman...) citroën DS Ortf sonorisée, pick-up 404 Peugeot Nain Gourmand (le clou de la caravane qui a demandé beaucoup de préparation avec notamment la réalisation de la tête du nain par une association de Rieux, près de Maubeuge) qui jetait ses bonbons allègrement, Simca 1500 noire Peugeot 204 Nord Matin, Peugeot 201, 4 CV verte, Renault Alliance Cabriolet où avait pris place la « miss du Tour » en robe fleurie, la 2CV « poésie » qui accueillait à la fois le mécanicien et la réplique d‘« Yvette Horner », une décapotable « belge« , puis le HY « tube » Primerose (voiture balai)

Après un départ promenade, c’est sur la place du village, entouré d’un public nombreux, qu’Henri Duez a donné le départ réel. En convoi avec ces véhicules sortis tout droit des photos d’archives du Tour de France, bien réel et sympathique, le peloton des 9 coureurs d’un jour a roulé environ 3 kilomètres, accompagnés tout au long du parcours des sourires et des applaudissements du public ; il s’est arrêté au ravitaillement (cuisses de poulet, morceaux de sucre, poddingue et canettes ...), a essuyé une crevaison et un changement de vélo pour le coureur Renault Loisirs, chronométré au contrôle « pointage », a franchi la ligne d’arrivée, sous les banderoles, offrant la victoire au maillot « Boule d’Or » (équipe belge) qui dans un dernier coup de rein a devancé le Néerlandais Luc Deprez « Ti Raleigh » et un Français qui obtient la troisième place (équipe Orangina). On a retrouvé ces trois champions sur le podium en compagnie de la Miss du Tour et des personnalités, pour la remise du maillot jaune, de la coupe et du bouquet du vainqueur à Jean-Pierre Fossaert, et aussi d’un cadeau pour Henri Duez qui a passé la journée avec l’association « le Pied à l’Etrier » , une peinture originale et exceptionnelle d’Edmond Zienovicz, peintre dunkerquois. Henri Duez, dans le parcours, à bord de la DS Ortf confiait à la présidente Laurence Vancoppenolle, son étonnement qu’une association comme le Pied à l’Etrier s’intéressa au vélo et aussi son plaisir « ce qui est merveilleux dans le vélo dit-il, c’est quand on voit comme aujourd’hui, que l’on amène un sourire à tous ces gens, qu’ils ne pensent plus à leur tracas et vivent ensemble un moment d’ émotion ».

Mais la fête n’était pas terminée ! Une autre finale allait se dérouler, la finale du challenge « home traîner » ces vélos sur rouleaux qui servent à l’origine à l’entraînement et au maintien d’une bonne condition physique, sont de sortie presque chaque week-end de l’autre côté de la frontière, comme animation lors des courses dominicales. Après un passage remarqué du cyclo club de Boeschèpe au matin (une dizaine de compétiteurs) la finale a réuni 9 sportifs. L’épreuve chronométrée du 200 mètres a vu pulvérisés les compteurs avec un temps de 14,77 secondes pour Florent Leferme, qui remporte le superbe prix d’un séjour pour 6 personnes dans un domaine résidentiel de loisirs, loin devant Thibaut Pringarbe 16,18 secondes gagne une peinture d’Edmond Zienovicz, Mr Pellot de Wormhout 16.50 secondes bénéficie d’un séjour « ch’ti » entre Bergues et Dunkerque... La dizaine de coureurs participants est reparti la musette pleine de cadeaux offerts par les partenaires.

Les visiteurs ont pu jusqu’à 18 h 30 remémorer leurs souvenirs de jeux de petits coureurs et miniatures du tour de France grâce à l’exposition de la collection privée de Patrick Coyez, parler avec Gérard Debruyne de vélo, records... avec sa collection complète de miroirs sprint et miroirs du cyclisme, les livres de course des premières éditions des 4 jours, et autres archives objets et livres, témoignages, « trésors » amassés patiemment par des amoureux du vélo (et tout n’a pas été exposé !) Cette journée n’aurait pas été possible sans le soutien et l’encouragement de nombreux passionnés de vélo, et d’aventure humaine également, dont la liste serait longue mais en tête de laquelle nous devons placer les « 4 jours de Dunkerque » au sens large, car c’est à leur contact que les relais et les rencontres d’hommes exceptionnels ont pu se faire.

Et bien entendu, comme dans toute association loi 1901 qui est en contact avec le public, par le biais ici d’animations, il faut saluer collectivement l’ensemble des bénévoles qui ne ménagent ni leur temps et leur enthousiasme pour chacun là où ils se trouvent : de l’accès au parking à la cuisson des saucisses ou des frites, à la surveillance, en passant par la polyvalence de qualités qu’il faut déployer pour composer une fête gratuite pour le public, authentique, conviviale, et réussie.

Une météo capricieuse, une fin d’après midi humide... qui laisse un goût d’inachevé... la pluie qui avait menacé toute la journée, a fini par s ‘imposer, ne laissant plus place au plaisir d’être en plein air dans un site magnifique, en contrebas du moulin de Boeschèpe... et qui avait par ailleurs freiné certaines expositions. Mais n’ayez crainte, l’histoire d’amour et d’amitié entre l’association le Pied à l’Etrier et le vélo n’est pas raccrochée... et le dimanche 28 septembre prochain, vous pourrez venir découvrir une autre page d’histoire cycliste en salle cette fois (à la salle paroissiale) car certains ouvrages, agrandissements, affiches, maillots dédicacés... n’ayant pu être exposés... seront enfin dévoilés... et aussi les photos de cette fabuleuse édition 2008 de la fête à l’ancienne...

Et si vous avez aimé l’ambiance, le site, l’enthousiasme des bénévoles de l’association « le Pied à l’Etrier » vous pouvez revenir à la ferme de l’Etrier le dimanche 17 août pour la fête du travail à la ferme, fête du blé avec présentation des anciens métiers, gestes, techniques et matériels agricoles, artisanat, produits du terroir... rendez vous sur le site du Pied à l’Etrier
– Ou renseignements au 03 28 42 51 25.
– Le Pied à l’Etrier
– 405 rue du Soleil
– 59299 Boeschèpe

– Photos :
– Jean-Luc BARTHOLOMEUS et Bernard DEGRYSE