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 ---> Sur la route de Saint-Jacques de Compostelle

La vérité pour Saint-Jacques part du Puy

Désormais incontournable, la cyclo-rando vers Compostelle est un ravissement pour les yeux, une épreuve pour les jambes et que du bonheur pour le moral...

Premier Septembre, une date qui signifie vacances terminées, rentrée, et un grand traînage de pieds en direction du travail. Pourtant pour un groupe de quarante cyclos c’est la frénésie et l’impatience du départ vers Compostelle.
On ne peut imaginer un parcours aussi mythique en oubliant ou zappant son côté mystique. Ainsi, aussi étonnant qu’il y paraisse, c’est l’ensemble du groupe pédalant qui se présente à la Messe des Pélerins en la cathédrale du Puy-en-Velay. Les non-croyants ou simplement sportifs d’un commun accord ont décidé après concertation, de rester solidaires des authentiques cyclo-pélerins, et de les accompagner (certes en retrait) dans cette bénédiction. Cette démarche étonnante sera le ciment du groupe tout au long des douze étapes de ce périple. Chaque participant s’est vu remettre la Créanciale (document officiel certifiant que vous êtes pèlerin, à faire tamponner sur les sites du chemin de Saint-Jacques). Pour certains, la médaille de Notre-Dame du Puy est dans la poche du maillot. C’est depuis la place du Plot que le départ est donné, libérant l’impatience des cyclos.
La Créanciale passeport du pèlerin comporte pas moins de 8 volets àtamponner
Le temps est brumeux et frisquet, puis un pâle soleil allume de quelques rais le magnifique paysage boisé aux reliefs accidentés de la Margeride. Bientôt nous entrons dans le Gévaudan, sur un piédestal et sur son territoire " la Bête " semble nous surveiller. Saint-Alban, incroyable ce matin nous sommes obligés de gratter les pare-brises des véhicules suiveurs. Il fait froid, le soleil brille, toutes les prairies et les parties à l’ombre sont gelées et d’un blanc majestueux, mais ce qui motive le plus le peloton emmitouflé qui fait le gros dos, c’est l’arrivée de la télé (Fr 3) venue en reportage sur ce cyclopèlerinage vers Compostelle.
Sur son piédestal la bête semble nous surveiller
Étape à Estaing. Une grande soirée attend les participants, vin d’honneur, accordéon, la rue sera en partie neutralisée aux véhicules le temps de quelques valses et farandoles, sous les regards amusés d’un public local. Après le dîner et dès la nuit tombée, le spectacle son et lumières sur le château d’Estaing nous affranchit de tous les secrets de ces vieilles pierres et des grandes familles qui les ont investi.
La traversée de l’Aubrac, du Quercy, de la Gascogne a surpris plus d’un cyclo par le profil accidenté du parcours, laissant peu de temps à la récupération, heureusement les pauses ravitos permettent de temporiser, et visiter des lieux magnifiques. Conques, Moissac, les villes étapes sont également le prétexte à découvrir et tester les spécialités des régions. La découverte et la dégustation à Caussade d’un vin blanc typique de la Gascogne, le " Colombelle " au goût et à l’arôme si particulier.
La célèbre " Garbure ", soupe de légumes frais aux haricots blancs, servie à Castera-Verduzan, petite cité thermale. Que dire de Poursiugues-Boucoue village satellite de Arzacq-Arraziguet notre étape, et sa saucisse de pays grillée au feu de bois, dégustée lors de la fête locale. Monsieur le Maire nous ouvrira sa mairie pour un verre de l’amitié improvisé (faut bien faire passer les saucisses) ! Quelle leçon d’hospitalité et de convivialité sur le chemin des pèlerins ! L’équipe d’encadrement regagnera les chambres très, très fatiguée...
Marcheurs ou cyclistes ils poursuivent le même but
Au départ, le matin (donc peu de temps après...) sous de gros nuages noirs, et un fort vent le ciel nous déverse des trombes d’eau. Les cyclos traînent à s’équiper version pluie, d’autres préconisent d’attendre l’accalmie. Cette étape est très longue, elle doit arriver ce soir au sommet de Roncevaux en Espagne. Il n’y a pas de temps à perdre, l’organisateur sans attendre le soleil, affrète rapidement un car qui nous déposera sur le lieu de la demi étape et repas du midi, Sauveterre-de-Béarn. Pourtant quelques purs et durs refuseront le confort du Pullman et tiendrons à effectuer le parcours à vélo sous un véritable déluge. Vraiment quel courage ! de vrais pèlerins face à leur calvaire. C’est donc dans la salle du stade de rugby de Sauveterre, que les découvertes culinaires continuent : piperades à la poitrine de porc grillée, arrosée de vin de pays. Chants et gâteaux Basques ne nous encouragent pas à reprendre la route. Il ne pleut plus. Le départ est donné sur une route détrempée, un bref regroupement à Saint-Jean Pied de Port, le temps de tamponner la Créanciale, d’acheter quelques authentiques bérets Basques, et le groupe se lance dans l’escalade du col de Roncevaux. Les jambes sont dures, les estomacs chargés. Chacun montera à son rythme, certains s’offrant une petite pause à la pierre de Rolland sûrement pour ménager leur corps ! ?) Nuit réparatrice à Roncevalles dans la première vraie auberge espagnole.
Le col de Roncevaux marque la cinglante défaite de Roland qui commandait l’arrière-garde de Charlemagne en 778
Dans la salle des petits déjeuners, la télé matinale distille sa mauvaise météo du jour aux cyclos qui trempent les croissants dans les bols. Il a neigé sur Andorre et une partie des Pyrénées, neige ou pluie sont à prévoir. La descente de Roncevalles vers Pampelune sera glaciale. La traversée de Pampelune, grande agglomération au gros trafic, se fera groupée et encadrée par les véhicules de l’organisation, le peloton sera lâché dès la sortie de la ville. Les routes de la région Rioja sont larges et droites. Les rouleurs se tirent la bourre sur ces véritables autoroutes cyclables. Le groupe des calmes façon " Audax " à la régularité de métronome les rejoindront sans problème dans le palace trois étoiles qui les attend à Navarrete.
Ce matin, l’astre solaire brille, la chaleur est de retour. La gente féminine cycliste et néanmoins élégante, forte de huit représentantes fait circuler le tube de crème (solaire). Enduites, elles attendent avec provocation les morsures du soleil, comme des tartines beurrées qui s’impatientent de tremper dans le café au lait. Après quelques heures, la palette de couleurs ira du brun pain d’épices au rouge écrevisse (ouf ! que du comestible .. !) Après la pause du repas de midi, le fourgon qui transporte les bagages (soit environ 65 valises ou sacs pour 40 cyclos) a l’habitude de rejoindre l’hôtel du lieu d’arrivée, afin que chacun trouve dès sa descente de vélo ses affaires et puisse rejoindre sa chambre réparatrice au plus vite. Alors que le fourgon approche des faubourgs de Burgos, une effervescence inhabituelle s’offre à nos yeux, barrières le long des trottoirs placardées de banderoles publicitaires, foule qui s’active autour de quelques voitures à haut- parleurs braillards. Soudain, sur une grande avenue qui nous mène vers notre hôtel, une énorme arche gonflable flanquée de la flamme rouge ! Dernier kilomètre ! Ils font bien les choses pour nous accueillir, pensons-nous. Non, bien sûr ! Seul le hasard fait bien les choses, c’est le Tour d’Espagne, " la Vuelta " qui fait étape, elle aussi, dans la ville.
Quand Saint-Jacques rencontre la Vuelta àBurgos, ça fait des étincelles
C’est ainsi que les cyclos en route pour Compostelle emprunteront une heure avant les professionnels le dernier kilomètre de l’étape de Burgos. Certains viendront assister à l’arrivée des champions, et vraiment les approcher. Une cyclote a même réussie à toucher Eric Zabel lorsqu’il s’en allait mécontent d’avoir raté son sprint.
Le soleil éclabousse à pleins rayons la petite place du palais épiscopal d’Astorga, joyau de l’art nouveau, construit par le grand architecte Antonio Gaudi. Sous les ombrages les tables du buffet ont été installées. Sur les bancs, le peloton (descendu de vélo) déjeune en contemplant les nids de cigognes déposés sur les cheminées. Dans un escalier, plus haut, un troubadour nous joue du flamenco, mais la rêverie est finie ! Une dernière tranche de pastèque, on s’assure que les gourdes sont pleines... (on parle des bidons, bien sûr !) et la caravane repart en direction des premiers contreforts de la cordillera Cantabrica.
Le palais épiscopal d’Astorga, chef d’oeuvre de Gaudi
Maintenant proches l’un de l’autre, marcheurs et cyclistes s’encouragent de quelques mots (pas toujours compris) et de signes d’amitiés. Ponferrada : pour certains nuit réparatrice, pour d’autres plus courageux ou moins fatigués, virée en ville, pause sur les hauts tabourets de bars de nuit. Et là, ultime découverte, la nouvelle boisson à la mode en Espagne (interdite à la vente en France, donc pas de nom). Pensez plutôt, une canette de 25 cl de ce breuvage à bulles, rouge, rosé au goût de chewing-gum contient en caféine l’équivalent de 40 tasses de café ! De quoi danser sur les tables toute la nuit, ou prendre son vélo pour un contre-la-montre de cent bornes en nocturne !... Redoutable.
À travers des forêts de chênes liège, des landes fleuries de bruyères, l’approche de la montée (12 km) du terrible col de la Cruz de Ferro se fait sous un soleil de plomb, l’asphalte qui font, coule littéralement, il faudra arracher les vélos pour se hisser au sommet. Les grimpeurs ne se font pas de cadeaux, pour les autres, train régulier ou pause à la terrasse d’une sympathique taverne afin de siroter une bière bien fraîche. Le tiercé gagnant pose pour la photo. Puis, comme le veut la tradition, chacun déposera au pied de la grande croix un objet personnel, que l’on abandonne. Inutile de dire qu’il y a de quoi alimenter un vide grenier. Trente kilomètres de descente à bloc, attention aux gravillons, et à ne pas manquer le coup d’œil sur un village typique, aux maisons accrochées à la montagne, ses ruelles et balcons fleuris. Son nom ? Accebo, et croyez-le bien ce n’est pas usurpé !
Sarria. La grande lessive a bien séchée grâce à la tiédeur nocturne de cette fin d’été Espagnole. Ce matin tout le peloton arbore fièrement le maillot bleu et jaune frappé de la coquille, les socquettes blanches immaculées n’ont aucune trace de chaîne. L’entrée à Saint-Jacques est une véritable représentation, un peu comme la grande parade au cirque, d’ailleurs bon nombre de participants ont le trac. C’est que l’ultime étape ne se fait pas en roue libre, le relief accidenté oblige l’utilisation de la troisième soucoupe du plateau, et souvent le passage en " danseuse ". La beauté des forêts d’eucalyptus traversées et le parfum qui s’en dégage efface les maux et les bobos de chacun. Un groupe d’intercalés va même se perdre, pas longtemps, il y a toujours le vrai cyclo qui ne part jamais sans la feuille journalière du carnet de route, et qui a tôt fait de remettre les étourdis sur le bon parcours. Dernière halte sur la colline qui domine Compostelle, Monte do Gozo, la chapelle en cours de restauration est fermée, son tampon encreur est accroché à une ficelle sur la baraque qui abrite la buvette, à sa guise, chacun fignole sa créanciale. Après quelques recommandations d’usage, impératif de bien rester groupé et encadré par les véhicules pour atteindre à travers la ville le parvis de la cathédrale. Là pour les cinq derniers kilomètres, pour les cyclos, et même pour les occupants des voitures, les cœurs battent très fort, comment expliquer ce genre d’ivresse qui vous envahit, vous êtes comme dans un état second, ne pensant plus qu’à une chose, déboucher devant Saint-Jacques.
Les derniers kilomètres pour rejoindre Santiago
On remarque et on entend à peine les gens sur les trottoirs qui surpris encouragent et applaudissent le peloton majestueux et ordonné. Soudain, après avoir passé la zone des boutiques de souvenirs, genre marchands du temple, un grand virage, on lève la tête, et incroyablement tout s’arrête... Sauf l’émotion... Seuls les participants à un tel périple sont en mesure (voire incapables) de vous expliquer l’intensité d’un tel moment sur ce parvis de pierres chargées d’histoires et de mystères. On se congratule, on fixe sur la pellicule des images très fortes. Et des impressions très vives sont à jamais ancrées dans chacun de nous.
L’arrivée devant la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle
Dans les camions les vélos sont chargés soigneusement, ils rentrent par la route. Une journée de repos avec visites pour les cyclos avant le retour en avion via Madrid. En attendant, ce soir, dans la salle de restaurant en compagnie de spécialités de la mer invitées à nos tables, c’est la Grande Fête. Et si les jambes sont raides, les fesses brûlées, les visages creusés bronzés grâce au vino tinto, à l’accordéon et à l’entrain de Dino les voix et les cœurs sont pleins d’allégresse.

GLORIA IN SANTIAGO
Texte et photos : Jean-Michel ZANON


Pour en savoir plus : 12 étapes, 15 jours de voyage, 1 405 km, 18 900 m de dénivelée. Une organisation de l’AEP Haut-Verdon (FFCT) qui a lieu chaque année en septembre depuis 2002. Renseignements : Marc Liboa. La 5 M 04190 Thorame-Haute. Tél. : 04 92 83 91 04. Fax : 04 92 83 95 15. E-Mail : aep.hautverdon@wanadoo.fr

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